La prévoyance professionnelle doit s’adapter aux évolutions de notre société qui voit une espérance de vie allongée et le travail partiel, très mal assuré, se développer.
La modification adoptée par le Parlement fédéral et soumise au peuple le 22 septembre vise à renforcer le financement du2e pilier ainsi qu’à combler des lacunes de prévoyance: les travailleurs à temps partiel et les salariés à bas revenus auront la chance de pouvoir cotiser de manière plus importante pour leur retraite et recevront donc une rente plus élevée tout en étant mieux assurés en cas d’invalidité et de décès.
L’abaissement du seuil d’entrée, seuil de salaire annuel à partir duquel la cotisation à la LPP est obligatoire, ainsi que la réduction de la déduction de coordination, montant soustrait pour déterminer le salaire assuré, permettront une amélioration des rentes de 360’000 personnes, dont 275’000 femmes.
Un autre volet peu médiatisé de cette réforme, et pourtant si bénéfique, est l’uniformisation des cotisations. Aujourd’hui, la cotisation minimale sur les salaires est de 7% les dix premières années de vie active, 10% les dix suivantes, puis 15% et 18%.
À salaire égal, un employé en fin de carrière coûte à son employeur2.5 fois plus cher qu’un jeune en termes de charge LPP. L’adoption du projet réduira cette différence à deux catégories de cotisations, soit 9% les vingt premières années et 14% les vingt suivantes. Cette mesure réduira la discrimination à l’embauche des travailleurs en fin de carrière.
La dernière mesure clef de cette réforme est la baisse du taux de conversion de 6,8% à 6%. Les opposants clament ainsi que l’essentiel du projet consiste à payer plus pour gagner moins. Or,85% des assurés ne seront pas touchés par cette baisse, étant bénéficiaires d’une couverture sur-obligatoire ou décidant de toucher un capital plutôt qu’une rente.
Pour les 15% restant, un supplément de rente allant jusqu’à 200 fr. par mois sera d’ailleurs proposé sur une période de 15 ans. Le projet de loi soumis au peuple est un compromis qui doit adapter la prévoyance à l’évolution de notre société.
Ce renforcement du 2e pilier, largement adopté par les Chambres fédérales, a été bien compris par de nombreux acteurs dont la faîtière des associations féministes suisses, Alliance F, ainsi que par l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales.
Ne nous leurrons pas, les attaques contre la LPP sont des attaques contre la structure de notre système de prévoyance avec pour objectif d’éliminer les trois piliers et de ne garder que l’AVS. Cela signifie financer les retraites essentiellement par l’impôt et donc de porter la charge complète sur les actifs en éliminant la prévoyance individuelle. Ne pas réduire le taux de conversion signifie par ailleurs augmenter la part des rentes LPP payées par les cotisants actuels réduisant ainsi leur capacité à épargner pour leurs vieux jours.
Pour l’équilibre de notre société, pour protéger et favoriser les bas revenus et les temps partiels, il est primordial de maintenir une prévoyance professionnelle solide. Votons oui à la réforme de la LPP!